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3 mars 2014 1 03 /03 /mars /2014 21:00

La Havane. 26 Février 2014

Katu Arkonada

LE 22 janvier, la Bolivie a fêté le 4e anniversaire de l’État plurinational, ainsi que le début de la 9e année du gouvernement du président Evo Morales et de son Mouvement vers le socialisme (MAS).

Ces huit années de gouvernement ont été marquées par la mise en place d’un projet politique par et pour les couches populaires, qui durant la phase de la lutte politique rebelle dans la période 2000-2005, sont passées de la résistance à la proposition et de la proposition au gouvernement.

L’on pourrait concevoir ces quatre premières années de gouvernement (2006-2009) comme un deuxième cycle où le mouvement populaire est passé du gouvernement à la prise du pouvoir, après avoir vaincu politiquement, militairement et électoralement la droite raciste qui osa s’attaquer à l’Assemblée constituante, incendier des institutions publiques à Santa Cruz et se livrer à des actes de racisme à Sucre, et après avoir consolidé les ruptures sociales, politiques et épistémologiques qui d’une certaine manière s’étaient cristallisées dans la nouvelle Constitution politique de l’État, qui remplaça le vieil État républicain et instaura un État plurinational.

Un troisième cycle vient de s’achever avec la célébration des quatre premières années d’un État plurinational (2010-2013) et l’entrée de la Bolivie dans une année de transition, mais tout aussi importante, avec les élections présidentielles prévues en octobre prochain. Ce cycle de quatre ans pourrait être qualifié comme le cycle de la gestion, et en ce sens il serait bon de consulter le discours du président Evo Morales à l’Assemblée législative plurinationale, le 22 janvier.

RENFORCER LA DÉMOCRATIE ET LA GESTION

Ces quatre années d’État plurinational ont été marquées par le renforcement de la gestion et de la démocratie. Dans son discours du 22 janvier, le vice-président Alvaro Garcia Linera soulignait que la démocratie bolivienne avait cessé d’être une démocratie fossilisée pour devenir un processus vivant.

Face à une droite (et j’ajouterais une nouvelle-vieille sociale démocratie) qui a perverti le concept de démocratie, les frontières de cette démocratie s’élargissent. L’action collective, la gestion des biens communs, la participation des mouvements sociaux aux prises de décisions et à l’adoption de nouvelles lois, la transparence et le contrôle social… Bref, en Bolivie la politique a été récupérée comme un bien commun et les limites de la démocratie ont été élargies au-delà de celles qui avaient été fixées par le néolibéralisme.

En Bolivie, la démocratie est plus que la tenue d’élections tous les quatre ou cinq ans, c’est plus que la démocratisation de la gestion gouvernementale : c’est l’élargissement du champ de bataille qu’est l’État, avec de nouvelles règles du jeu venant de la base et de la gauche.

La démocratie en Bolivie est plus que le respect des droits de l’Homme. C’est l’élargissement des droits collectifs. La démocratie en Bolivie c’est, en définitive, le gouvernement du peuple et pour le peuple.

Dans ce pays de l’Altiplano, l’on assiste à de réelles avancées du processus de changement, notamment à une démocratisation de la santé et de l’éducation grâce à l’élargissement du budget destiné aux secteurs prioritaires. Le gouvernement a amorcé la deuxième phase de la nationalisation des hydrocarbures dans le cadre de son industrialisation, et selon la Commission économique pour l’Amérique Latine et les Caraïbes (CEPAL), la Bolivie est la troisième économie de l’Amérique latine pour ce qui est du taux de croissance (6,5% en 2013). L’on assiste à un rôle de plus en plus important de l’État dans l’économie bolivienne (35%).

La Bolivie est devenue une référence internationale en assumant la présidence du G77+ la Chine, et après son retour historique au sein de la Convention unique des Nations Unies sur les stupéfiants de 1961, qui reconnaît la mastication et l’usage médical de la feuille de coca. Par ailleurs, à l’initiative de la Bolivie, l’Assemblée générale de l’ONU a reconnu l’accès à l’eau potable et à un assainissement de base comme des droits essentiels, le 22 avril comme la Journée internationale de la Terre-Mère, et 2013 comme l’Année internationale du quinoa.

Mais par delà les chiffres, les données et les avancées, une série d’événements se sont déroulés de décembre à janvier qui ont contribué à l’affirmation du sentiment national d’un peuple habitué à la défaite : la mise en orbite du premier satellite bolivien Tupac Katari, construit en Chine, visant à consolider la démocratisation des télécommunications, notamment en milieu rural ; la présidence du Sommet organisé pour les 50 ans du G77+la Chine à Santa Cruz, et le passage du Rallye Dakar en territoire bolivien.

Si nous ajoutons à ceci que chaque année l’économie bolivienne (Produit intérieur brut) affiche une croissance de plus de 4,5%, on peut comprendre pourquoi la popularité de Evo Morales est de l’ordre de 60%.

À L’HORIZON 2014

Alors que les intentions de vote pour le parti au gouvernement sont d’environ 60%, l’opposition bolivienne est aujourd’hui divisée entre trois candidats-partis qui réunissent environ 30% des voix contre le processus de changement : le Movimiento Sin Miedo (Mouvement Sans peur) de Juan del Granado (centre gauche), le Front élargi de Samuel Doria Medina (droite néolibérale), un homme d’affaires propriétaire des franchises Burger King en Bolivie et de la principale cimenterie du pays, et le Mouvement démocrate social du gouverneur de Santa Cruz, Ruben Casas (droite régionaliste).

Par conséquent, une opposition fractionnée et dépourvue de projet face à un gouvernement ayant transformé la révolution politique et de décolonisation en une gestion visant à démanteler le néolibéralisme, à améliorer les conditions de vie des couches populaires et à récupérer le pays pour les Boliviennes et les Boliviens, avec pour principal défi de continuer d’approfondir le processus de changement.

Pour ce faire, il sera nécessaire de renforcer le projet politique et de trouver un équilibre entre les processus de formation et d’approfondissement politique ; préserver le soutien électoral dans l’ouest du pays et l’étendre à l’est, voire aller chercher une victoire électorale à Santa Cruz. Le parti au gouvernement devra gagner d’autres secteurs à sa cause afin d’élargir sa base sociale, tout en maintenant la cohésion du noyau dur des mouvements sociaux et des peuples indigènes qui ont contribué à façonner ce projet social. Ces aspects permettront d’assurer la victoire électorale et de radicaliser encore davantage le processus.

Dans tous les cas, le Mouvement vers le Socialisme (MAS), se doit d’être prêt à faire face à un scénario de déstabilisation qui chercherait à éroder l’image du président Evo Morales face aux prochaines élections du mois d’octobre, que ce soit à travers des conflits qu’à travers une éventuelle guerre économique, comme on a pu le constater au Venezuela.

La Bolivie vit aujourd’hui une période d’importants changements politiques, sociaux et économiques. Le président Evo Morales a appelé à ne pas craindre le chemin vers le socialisme communautaire. « Le socialisme c’est le bien-être, c’est partager la richesse, c’est ce que faisaient nos ancêtres, à une plus grande échelle, avec la technologie et la modernité productive », a-t-il souligné. (Tiré de Rebelion)

 

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http://www.granma.cu/frances/notre-amerique/26febre-4%20ans.html

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