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10 novembre 2012 6 10 /11 /novembre /2012 22:56

par Enrique Ubieta Gómez
Rebelión
traduit pour Changement de société par Danielle Bleitrach

Le principal obstacle que rencontre l’impérialisme pour en finir avec la Révolution cubaine n’est ni militaire, ni économique: il est moral. D’une manière « inexplicable » Cuba conserve son prestige international et son consensus interne, malgré les dégâts d’un demi-siècle sous les effets d’un implacable blocus et d’une intense campagne médiatique contre elle, malgré la déroute - vingt ans après - et le discrédit d’un « camp socialiste » dont aujourd’hui on énumère les ombres et on ignore les lumières.

Les idéologues de droite savent que ce prestige moral invalide une quelconque victoire militaire ou économique sur l’île : en politique l’unique victoire possible est culturelle. Les autres on peut les appeler une occupation, un asphyxie, une imposition; et toutes sont des variantes de la victoire repoussant une supposée défaite. C’est pour cela qu’ils se sont lancés à fond, sans demi-teintes, dans une guerre culturelle tout azimuth. Une guerre, naturellement, qui ne cherche pas l’établissement de vérités ou de principes : une guerre pour retourner les convictions et les sentiments en s’appuyant sur la puissance des médias. Ou peut-être la diabolisation de la culture arabe - des peuples qui vivent fatalement sur de grandes réserves de pétrole -, ne précède-t-il pas et n’accompagne-t-il pas la guerre d’ extermination que ses états « désobéissants » subissent ? Se lancer à fond signifie que ces idéologues doivent affirmer sans honte, sans baisser les yeux, que Che Guevara, le guerillero héroïque, a été un assassin ; que Batista, l’assassin, a été en réalité un bon gouvernant ; que Cuba, la nation qui a sauvé plus de vies dans le monde - Y compris celle de ses ennemis -, éprouve un vif plaisir devant la mort.

Le gouvernement de Obama est un excellent porte avion pour bombardiers idéologiques : un visage noir, un profil intellectuel, un sourire séduisant. Un énorme bateau moderne qui assume les poses du porte-croix, qui feint de ne pas attaquer : pour cela il y a ses avions, et les pilotes indociles qui décollent parfois de nuit, pendant que le capitaine dort. Ce qui est sûr c’est que la vague d’irrespects collectifs qu’Obama a trouvés dans son arrière-cour latino-américaine après son intronisation était si colossale, que la guerre ne pouvait plus être gagnée uniquement par la force. Je ne dis pas sans la force, je dis pas seulement par la force. Un coup d’État instructif était indispensable - et le plus faible maillon de la chaîne était pour cela, le Honduras -, mais un coup que l’on accompagnait des excuses légales, de formalités bureaucratiques, de condamnations publiques et en privé des serrements vigoureux de main. Un nouveau concept pour légitimer certains coups d’État culturellement : comme avant, la démocratie cessera d’être si la majorité du peuple exprime électoralement sa non-conformité avec une législation qui garantit les intérêts impérialistes. Et il sera légitime d’user de la force, celle des militaires, c’est clair, pas celle du peuple. Peu importe à quiconque les leaders syndicaux que le gouvernement de fait - celui qui a fait le coup d’Etat et qui s’est autoproclamé en Etat de fait -, assassinés tous les jours. Mais il y a les deux objectifs les plus importants de la guerre culturelle : Cuba et le Venezuela.

C’était peut-être Trinité-et-Tobago où Obama a compris que le prestige de Cuba était immense. À la fin de ce Sommet où il a étrenné son sourire, il a parlé de l’ « utilisation » de l’internationalisme médical de la Révolution cubaine aux fins supposées de propagande. Je sais que ce prestige est quelque chose qui tourmente les idéologues de la droite qui rêvent de faire déserter tous les médecins cubains. EL PAÏS, un organe de la PRISA transnationale en Espagne, qualifie la gauche qui appuie Cuba de stalinienne et de « nostalgique ». Nos petits idéologues de Miami, du Mexique ou de Barcelone, essaient d’élucider, avec des vanités académiques, les raisons de cette sympathie internationale et organisent la condamnation qu’ils portent de porte en porte. Ils usent de toutes les armes pour dissuader les solidarités ; comme le chantage politique, et l’exécution est médiatiquement précise. La guerre est une mise à mort. Les diplomates des États-Unis et de quelques pays européens, les serviteurs de sa politique, déjà ne se cachent pas à Cuba, ils avancent sans pudeur à côté des dissidents qu’ils forment et paient. Ils usurpent les symboles de la Révolution de gauche et ils les emplissent d’un contenu contre-révolutionnaire : ils plagient les Mères de Mai - celles qu’ils ont toujours méprisées et combattues -, pour inventer les Dames en blanc. Ce sont des ingrédients pour un bon cocktail : des femmes douloureuses et des femmes accompagnatrices, les vêtements blancs (de surcroît un symbole de paix, à Cuba cette couleur a d’autres significations religieuses, en rien celle des catholiques), des glaïeuls, et cependant des messes catholiques. Ce qui importe c’est le cadrage de la caméra. Vous mettez le dessin animé, je mets la guerre, disait Hearst en 1898 ; construisez le décor et filmez la scène - si vous préférez, twitez la -, que j’écrive le scénario, disent-ils maintenant.

Diaboliser Cuba, faire que les enfants des écoles espagnoles vont avoir pitié des enfants cubains, scolarisés, soignés, comme peu en Amérique latine. Que les citadins honnêtes qui ont à peine le temps de survivre au milieu d’une crise économique qui menace leur tranquillité d’habitants du premier monde, compatissent face aux Cubains, plus pauvres, c’est sûr, mais bien mieux protégés, et malgré tout, plus libres comme êtres humains. Qu’ils regardent Cuba et qu’ils se désintéressent de ce qui arrive en Iraq, en Palestine ou en Amérique latine. Ou en Espagne. Convertir l’ALBA - ce système merveilleux de solidarité entre des peuples -, en un grand centre commercial d’intérêts obscurs idéologiques. Pourtant, la difficulté réside dans le fait qu’une opération culturelle de caractère médiatique peut faire abstraction ou retourner l’expérience de centaines de milliers de Latino-américains, d’africains, d' asiatiques, de Nord-Américains et d'Européens, qui ont reçu la solidarité cubaine et vénézuélienne. Il est difficile de cacher le soleil avec un doigt, même si ce doigt porte l’anneau impérial.

blog del autor: www.la-isla-desconocida.blogspot.com
DIABOLISER CUBA par Enrique Ubieta Gómez Rebelión traduit pour changement de société par danielle Bleitrach Le principal obstacle que rencontre l’impérialisme pour en finir avec la Révolution cubaine n’est ni militaire, ni économique: il est moral. D’une manière « inexplicable » Cuba conserve son prestige international et son consensus interne, malgré les dégâts d’un demi-siècle sous les effets d’un implacable blocus et d’une intense campagne médiatique contre elle, malgré la déroute - vingt ans après - et le discrédit d’un « camp socialiste » dont aujourd’hui on énumère les ombres et on ignore les lumières. Les idéologues de droite savent que ce prestige moral invalide une quelconque victoire militaire ou économique sur l’île : en politique l’unique victoire possible est culturelle. Les autres on peut les appeler une occupation, un asphyxie, une imposition ; et toutes sont des variantes de la victoire repoussant une supposée défaite. C’est pour cela qu’ils se sont lancés à fond, sans demi-teintes, dans une guerre culturelle tout azimuth. Une guerre, naturellement, qui ne cherche pas l’établissement de vérités ou de principes : une guerre pour retourner les convictions et les sentiments en s’appuyant sur la puissance des médias. Ou peut-être la diabolisation de la culture arabe - des peuples qui vivent fatalement sur de grandes réserves de pétrole -, ne précède-t-il pas et n’accompagne-t-il pas la guerre d’ extermination que ses états « désobéissants » subissent ? Se lancer à fond signifie que ces idéologues doivent affirmer sans honte, sans baisser les yeux, que Che Guevara, le guerillero héroïque, a été un assassin ; que Batista, l’assassin, a été en réalité un bon gouvernant ; que Cuba, la nation qui a sauvé plus de vies dans le monde - Y compris celle de ses ennemis -, éprouve un vif plaisir devant la mort. Le gouvernement de Obama est un excellent porte avion pour bombardiers idéologiques : un visage noir, un profil intellectuel, un sourire séduisant. Un énorme bateau moderne qui assume les poses du porte-croix, qui feint de ne pas attaquer : pour cela il y a ses avions, et les pilotes indociles qui décollent parfois de nuit, pendant que le capitaine dort. Ce qui est sûr c’est que la vague d’irrespects collectifs qu’Obama a trouvés dans son arrière-cour latino-américaine après son intronisation était si colossale, que la guerre ne pouvait plus être gagnée uniquement par la force. Je ne dis pas sans la force, je dis pas seulement par la force. Un coup d’État instructif était indispensable - et le plus faible mailloon de la chaîne était pour cela, le Honduras -, mais un coup que l’on accompagnait des excuses legales, de formalités bureaucratiques, de condamnations publiques et en privé des serrements vigoureux de main. Un nouveau concept pour légitimer certains coups d’État culturellement : comme avant, la démocratie cessera d’être si la majorité du peuple exprime electoralement sa non-conformité avec une législation qui garantit les intérêts impérialistes. Et il sera légitime d’user de la force, celle des militaires, c’est clair, pas celle du peuple. Peu importe à quiconque les leaders syndicaux que le gouvernement de fait - celui qui a fait le coup d’Etat et qui s’est autoproclamé en Etat de fait -, assassinés tous les jours. Mais il y a les deux objectifs les plus importants de la guerre culturelle : Cuba et le Venezuela. C’était peut-être Trinité-et-Tobago où Obama a compris que le prestige de Cuba était immense. À la fin de ce Sommet où il a étrenné son sourire, il a parlé de l’ « utilisation » de l’internationalisme médical de la Révolution cubaine aux fins supposées de propagande. Je sais que ce prestige est quelque chose qui tourmente les idéologues de la droite qui rêvent de faire déserter tous les médecins cubains. EL PAÏS, un organe de la PRISA transnationale en Espagne, qualifie la gauche qui appuie Cuba de stalinienne et de « nostalgique ». Nos petits idéologues de Miami, du Mexique ou de Barcelone, essaient d’élucider, avec des vanités académiques, les raisons de cette sympathie internationale et organisent la condamnation qu’ils portent de porte en porte. Ils usent de toutes les armes pour dissuader les solidarités ; comme le chantage politique, et l’exécution est mediatiquement précise. La guerre est une mise à mort. Les diplomates des États-Unis et de quelques pays européens, les serviteurs de sa politique, déjà ne se cachent pas à Cuba, ils avancent sans pudeur à côté des dissidents qu’ils forment et paient. Ils usurpent les symboles de la Révolution de gauche et ils les emplissent d’un contenu contre-révolutionnaire : ils plagient les Mères de Mai - celles qu’ils ont toujours méprisées et combattues -, pour inventer les Dames en blanc. Ce sont des ingrédients pour un bon cocktail : des femmes douloureuses et des femmes accompagnatrices, les vêtements blancs (de surcroît un symbole de paix, à Cuba cette couleur a d’autres significations religieuses, en rien celle des catholiques), des glaïeuls, et cependant des messes catholiques. Ce qui importe c’est le cadrage de la camera. Vous mettez le dessin animé, je mets la guerre, disait Hearst en 1898 ; construisez le décor et filmez la scène - si vous préférez, twitez la -, que j’écrive le scénario, disent-ils maintenant. Diaboliser Cuba, faire que les enfants des écoles espagnoles vont avoir pitié des enfants cubains, scolarisés, soignés, comme peu en Amérique latine. Que les citadins honnêtes qui ont à peine le temps de survivre au milieu d’une crise économique qui menace leur tranquillité d’habitants du premier monde, compatissent face aux Cubains, plus pauvres, c’est sûr, mais bien mieux protégés, et malgré tout, plus libres comme êtres humains. Qu’ils regardent Cuba et qu’ils se désintéressent de ce qui arrive en Iraq, en Palestine ou en Amérique latine. Ou en Espagne. Convertir l’ALBA - ce système merveilleux de solidarité entre des peuples -, en un grand centre commercial d’intérêts obscurs idéologiques. Pourtant, la difficulté réside dans le fait qu’une opération culturelle de caractère médiatique peut faire abstraction ou retourner l’expérience de centaines de milliers de Latino-américains, d’africains, d' asiatiques, de Nord-Américains et d'Européens, qui ont reçu la solidarité cubaine et vénézuélienne. Il est difficile de cacher le soleil avec un doigt, même si ce doigt porte l’anneau impérial. blog del autor: www.la-isla-desconocida.blogspot.com
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